Intelligence artificielle : menace ou opportunité ?

Cette longue et passionnante conférence de l’entrepreneur franco-libanais Oussama Ammar sur l’intelligence artificielle m’a intéressé, essentiellement les 45 premières minutes et la sketchnote ci-dessus a été réalisée par mes soins, en direct, à l’écoute de la conférence. Je ne suis ni un fan, ni détracteur d’Oussama, je pense simplement que son point de vue sur cette révolution en cours est très intéressant. Il sait traduire des notions complexes dans un langage accessible à tous et mettre le focus sur les aspects essentiels du sujet.

La vidéo de la conférence d’Oussama Ammar: 

 

 

Design Thinking et Facilitation Visuelle

Souvent on me demande quelles sont les différences entre le design thinking et la facilitation visuelle qui semblent vraiment très proches. Les deux sont de plus en plus utilisés pour stimuler l’innovation et la créativité au sein des organisations. Ils placent l’humain au centre et encouragent le travail collaboratif. Ils favorisent une pensée “out of the box” en s’appuyant sur des représentations graphiques et visuelles.

Ces deux approches se distinguent par leur processus et leur finalité. Le design thinking est un processus itératif qui cherche à comprendre les utilisateurs, à remettre en question les hypothèses, à redéfinir les problèmes et à créer des solutions innovantes que l’on peut prototyper et tester. Il s’agit d’une démarche analytique qui suit des étapes successives, allant de la compréhension des besoins du client à la conception et au test de solutions innovantes. En outre, le design thinking commence à donner lieu à des diplômes universitaires dédiés (ex: d.school de Stanford) alors que la facilitation visuelle n’est pas encore représentée dans les cursus académiques.

D’autre part, la facilitation visuelle est une approche plus intuitive qui utilise des méthodes et outils visuels pour rendre le travail de groupe plus facile et plus efficace. Elle vise à capter, organiser, comprendre et mémoriser les idées et les informations, à stimuler la créativité et la participation de chacun, et à offrir de la visibilité et de la lisibilité. La facilitation visuelle ne suit pas nécessairement un processus linéaire, mais elle utilise l’ensemble des ressources cognitives “visuelles” pour mieux réfléchir, comprendre, apprendre, mémoriser et communiquer.

Bien que le design thinking et la facilitation visuelle partagent de nombreux points communs, notamment l’importance accordée à l’humain et à la collaboration, elles se distinguent par leur processus et leur finalité. Au final elles s’enrichissent mutuellement et sont très complémentaires.

Le storyboard pour mieux raconter et expliquer

Le storyboard ci-dessus m’a aidé à structurer le récit d’une anecdote captivante que j’ai lue dans l’excellent ouvrage « Tell to Win » de Peter Guber, producteur de cinéma et professeur à l’Université de Californie qui défend l’idée que le storytelling est le meilleur outil pour convaincre. Grâce à ce storyboard , je peux mieux raconter cette histoire.

Un storyboard simple présente des cases avec des dessins et/ou de brefs textes décrivant les moments clés. Le but est de découper le récit en séquences logiques. Mettre par écrit les grandes étapes d’une histoire en clarifie la progression et la cohérence. On y gagne en clarté et efficacité pour captiver son auditoire.

Avant de mettre le storyboard au propre sur tablette, j’ai créé une version papier avec des notes adhésives, telle que présentée ci-dessous.

 

Voici le résumé de l’histoire présentée dans le storyboard :

Au début de la campagne présidentielle de 1992, Bill Clinton vient de perdre la primaire du New Hampshire, mettant sa campagne en difficulté financière. Un de ses collaborateurs contacte Peter Guber, alors PDG de Sony Pictures, pour récolter d’urgence 90 000$ du monde du cinéma avant la fin de la journée, sans quoi Clinton devra abandonner la course à la présidence.

Lorsque Clinton appelle Guber, il lui demande s’il a vu le film « Le Train sifflera trois fois ». Ce western raconte l’histoire d’un shérif abandonné par les habitants de sa ville face à des criminels, sauf une personne qui l’aide à triompher. Clinton s’identifie au shérif, déterminé à combattre malgré les pronostics, et voit en Guber un soutien providentiel.

Séduit par cette analogie, Guber contacte des personnalités d’Hollywood en utilisant la métaphore du film pour les convaincre de donner de l’argent. A 17h, il annonce avoir réuni les 90 000$. Fort de ce soutien, Clinton remportera la primaire suivante, puis l’élection présidentielle.

L’impact du dessin sur la mémorisation: presque deux fois plus efficace que l’écriture!

La manière dont nous apprenons et retenons l’information est un sujet de recherche en constante évolution. Une étude récente de l’Université de Waterloo a mis en lumière un aspect souvent négligé en Éducation: le dessin comme outil de mémorisation. Dans cet article, nous examinerons les découvertes de cette étude et explorerons comment la pensée visuelle, peut enrichir les pratiques éducatives.

Ce que dit la recherche

Une étude menée par Myra Fernandes, Jeffrey Wammes et Melissa Meade a comparé différentes méthodes d’apprentissage, notamment la lecture, l’écriture et le dessin. Les résultats ont montré que le dessin était presque deux fois plus efficace pour le rappel d’informations que les autres méthodes. Plus précisément, les participants ont pu se rappeler 45% des termes qu’ils avaient dessinés, contre seulement 20% de ceux qu’ils avaient écrits.

Le dessin engage plusieurs modalités d’apprentissage: visuelle, kinesthésique et sémantique. Contrairement à d’autres formes d’apprentissage qui sont souvent passives, le dessin est une activité active. Il oblige les apprenants à interagir avec l’information, à la décomposer et à la reconstruire d’une manière qui a du sens pour eux.

Cette vidéo, en anglais, a été réalisée par la fondation en Éducation Edutopia, elle aborde avec brillo ce sujet: 

Voici quelques pistes pour utiliser la pensée visuelle en éducation:

– Cahiers illustrés: encourager les élèves et étudiants à diviser leurs cahiers en deux parties: une pour les notes écrites et une pour les dessins et schémas.

– Mind mapping: utiliser des cartes mentales pour aider les élèves à organiser leurs idées et à créer des liens entre différents concepts.  

– Sketchnoting: encourager les étudiants à utiliser le sketchnoting pour résumer des sujets.

– Visualisation de données: intégrer des exercices de visualisation de données simples pour aider les étudiants à mieux comprendre des concepts de manière visuelle.

En conclusion

La pensée visuelle et ses outils offrent une voie prometteuse pour améliorer l’apprentissage. Non seulement ils engagent plusieurs modalités d’apprentissage, mais ils permettent de diversifier la pédagogie et favorisent la motivation des apprenants. 

Notre formation Facilitation Visuelle en Éducation, pourrait vous intéresser si vous souhaitez vous former en tant que pédagogue ou tout simplement en tant que parent voulant multiplier les chances de réussite académique de ses enfants.

Sources:

The Science of Drawing and Memory (Edutopia)

The Surprisingly Powerful Influence of Drawing on Memory (Étude)

La Confiance Créative: pilier d’une culture de l’innovation et de la Facilitation Visuelle

Vous êtes-vous déjà dit que vous n’étiez pas créatif? Que la créativité était réservée aux artistes, aux écrivains ou aux inventeurs? Détrompez-vous! La confiance créative est cette petite étincelle qui vous permet de croire en votre propre créativité et de passer à l’action. Imaginez un environnement de travail où chaque membre de l’équipe croit en son potentiel créatif et est encouragé à l’exprimer. C’est là que la confiance créative entre en jeu et booste la capacité des équipes à innover. Ce concept, développé par David Kelley, nous apprend que la créativité n’est pas un don exclusif, mais une compétence accessible à tous.

Qui est David Kelley?

David Kelley n’est pas seulement le fondateur de l’agence mondiaIement réputée IDEO mais aussi de la fameuse d.school  un centre de référence international en design thinking, situé dans l’université de Stanford en Californie . Il est un des personnages clés dans le monde de l’innovation et du Design Thinking.

Voici la vidéo de sa conférence Ted sur la confiance créative.

 

La Créativité: Un muscle à entretenir

Selon David Kelley, la créativité est comme un muscle que vous pouvez entretenir et renforcer. Elle consiste à utiliser votre imagination pour créer quelque chose de nouveau, que ce soit une idée, un objet, ou une nouvelle façon de voir une situation. Le point clé est que nous avons tous un potentiel créatif qui ne demande qu’à être exploité.

L’Influence d’Albert Bandura

Le concept de confiance créative s’appuie fortement sur les travaux du psychologue Albert Bandura, un pionnier de la psychologie sociale. Bandura est notamment connu pour sa théorie sur le sentiment d’efficacité personnelle, la croyance qu’à chacun d’être capable d’influencer son propre fonctionnement intérieur mais aussi les évènements qui affectent sa vie. Cette croyance est au coeur de la motivation, de l’engagement de chacun.

L’Action: moteur de la Confiance Créative

Selon Kelley, en agissant, vous façonnez votre croyance en votre propre capacité à réussir, ce qui, à son tour, influence vos futurs comportements et décisions.

Pour aller plus loin: développez votre confiance créative!

– Participez aux ateliers de Facilitation Visuelle, qui vous apporte des outils tant pour cultiver votre propre confiance créative mais aussi celle des autres
– Lisez l’ouvrage « La confiance créative : tous innovateurs avec le Design Thinking »

Comment la pensée visuelle peut booster vos compétences pro

La pensée visuelle est bien plus qu’un exercice créatif ; elle met en jeu un ensemble de compétences qui peut avoir un réel impact sur votre vie professionnelle. Des compétences en communication efficace à la résolution de problèmes en passant par la créativité, les avantages qu’elle offre sont multiples. Découvrons donc ici les principales compétences professionnelles que la pensée visuelle va vous aider à faire monter en puissance.

Développer ses compétences en communication

Clarté d’expression et crédibilité
“Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément” écrivait Nicolas Boileau.
L’un des avantages immédiats de la pensée visuelle est bien la capacité à simplifier et à clarifier des idées complexes. En traduisant des concepts abstraits en éléments visuels, vous pouvez les rendre plus compréhensibles et accessibles à votre auditoire. Une compétence centrale dans le contexte professionnel actuel où règne la complexité et l’imprévisibilité.
Communiquer avec clarté rassure vos interlocuteurs et augmente votre crédibilité pro.

Réaliser des présentations efficaces
La pensée visuelle améliore également la qualité de vos présentations. En utilisant des éléments visuels qui captivent et restent en mémoire, vous parviendrez non seulement à retenir l’attention de votre audience de manière plus efficace mais aussi à la convaincre.
Une méthode visuelle comme Presentation Zen de Garr Reynolds est reconnue pour améliorer radicalement la qualité et l’impact des présentations.

Améliorer ses Compétences en résolution de problèmes

Filtrage et organisation de l’information
La pensée visuelle vous aide à mieux vous repérer à travers un océan d’informations en vous poussant à repérer systématiquement les points les plus importants. Puis en structurant ces données choisies de manière visuelle, leur gestion devient nettement plus aisée.

Vision Globale
Un autre avantage de la pensée visuelle est de développer la capacité à voir l’ensemble. La pensée visuelle vous permet de regrouper des informations disparates en un tout cohérent, à faire des liens, ce qui constitue une aide précieuse à la prise de décision, à la stratégie et à la résolution de problèmes.

Gestion de Projet

Planification et suivi des tâches
Des outils visuels comme les cartes mentales, les tableaux Kanban ou les diagrammes de Gantt améliorent la planification et le suivi de projet. Ces outils aident à construire une feuille de route claire et plus facilement partageable avec les équipes.

Créativité et Innovation

Agilité créative
Dans un monde qui change très rapidement, il ne suffit pas d’être créatif. Il faut aussi être agile, c’est-à-dire capable de s’adapter rapidement. L’agilité créative combine créativité et agilité : elle permet de réagir rapidement aux changements en trouvant des idées nouvelles et utiles. La pensée visuelle stimule l’imagination, facilite les associations d’idées inédites et permet de structurer la pensée de façon créative.

Penser en images et en métaphores
Utiliser des images et des métaphores dans votre réflexion donne des ailes à votre créativité en vous permettant de voir les choses sous un angle différent et original. Cela crée un terrain fertile pour l’innovation, car vous êtes plus enclin à explorer des solutions innovantes et inattendues.

Pour aller plus loin

Maintenant à vous d’agir : mettez en pratique ces conseils pour booster vos compétences pro avec la pensée visuelle.

– Formez-vous à la pratique des principales méthodes et techniques de pensée visuelle en vous inscrivant aux ateliers de facilitation visuelle, qui ont lieu régulièrement à Paris.

– Lire l’ouvrage « Pro en Facilitation Visuelle », qui propose un tour d’horizon de nombreuses pratiques visuelles pro et permet d’avoir de nombreuses idées d’applications concrètes.

– Explorer comment la pensée visuelle peut développer votre leadership en lisant le livre Visual Leadership.

 

Un rapport édifiant sur « l’économie visuelle » en 2023

Canva, la plateforme de communication visuelle tout-en-un, a publié en avril dernier un très intéressant rapport intitulé “The Visual Economy Report 2023”. Il nous éclaire sur la manière dont les entreprises utilisent la communication visuelle et sur ses perspectives d’évolution. Le document s’appuie en grande partie sur une enquête menée auprès de 1 600 dirigeants d’entreprise aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Voici une synthèse des points clés de cet édifiant rapport mais aussi de ses conclusions. 

Le contexte actuel

La montée en puissance de  réseaux sociaux comme Instagram, TikTok et Facebook ont changé notre manière communiquer. Nous assistons à une augmentation de plus en plus rapide de contenus visuels sur la plan général et particulièrement de visualisations de données dans le domaine de l’entreprise.

Voici ci-dessous une infographie qui résume les points clés de ce rapport:

Quelques chiffres clés

Le temps d’attention soutenue devant un écran est de seulement 47 secondes en moyenne. Plus l’information est textuelle, moins elle capte notre attention.

En 10 ans, Canva a atteint le chiffre de 125 millions d’utilisateurs.

Le secteur du logiciel visuels représente un chiffre d’affaire en croissance permanente, actuellement évalué à 110 milliards de dollars. Ce secteur comprend les logiciels de design graphique, de présentations, les tableaux blancs collaboratifs, les logiciels de mind mapping et d’édition vidéo.

Les conclusions

  • Nous sommes entrés dans l’ère de l’économie visuelle, poussée par le mode de consommation de contenu de la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010), qui représente une part de plus en plus importante dans le monde du travail. 
  • L’information visuelle devient le moyen dominant de communiquer et de collaborer. Le rapport montre ainsi que les entreprises qui investissent dans la communication visuelle ont une longueur d’avance sur leurs concurrents.
  • L’explosion de l’IA générative arrive à un moment opportun car il faut satisfaire une demande en forte croissance de contenus visuels et les logiciels utilisant cette IA facilitent cette création de contenus pour les entreprises.

Certification Sophie Lapisardi

Certification en Facilitation Visuelle de Sophie Lapisardi

Date: 30/03/2023

Facilitation graphique au Club Déméter

En juin dernier, le Club Déméter organisait un évènement à Paris à l’occasion de son vingtième anniversaire. Le Club Déméter c’est un laboratoire d’idées autour de la la logistique responsable, tant sur le plan de  la transition écologique que sur le plan sociétal. Il compte parmi ses adhérents des entreprises clés dans la distribution, l’industrie et les services logistiques.

Ma mission était de capturer graphiquement les interventions et échanges entre plusieurs personnalités des domaines de la grande distribution, de la recherche,  du développement durable et de la logistique. Voici quelques unes des planches que j’ai réalisées à cette occasion, en utilisant l’application Procreate sur iPad.

Esprit étendu et extelligence en pensée visuelle

Sketchnote par Émilien Ponçon

“Les livres agissent même quand ils sont fermés ” Christian Bobin

L’esprit étendu est une théorie selon laquelle la pensée ne se déroule pas seulement dans notre tête mais souvent en couplage avec des supports externes facilement accessibles tels que papier et crayon, ardoises , bouliers, affichages, livres de référence, ordinateurs ou encore smartphones.
L’extelligence ,quant à elle, s’intéresse à l’influence sur la pensée de la culture partagée par un groupe et véhiculée par des contes, légendes, narrations.
Ces deux notions interpellent la pratique de la pensée visuelle qui cherche à matérialiser la pensée sous forme de supports visuels pour améliorer la pensée individuelle et collective.
Nous allons explorer ici l’esprit étendu, l’extelligence et leurs apports qui éclairent la pratique de la pensée visuelle.

Dans un document fondateur, The Extended Mind,  publié en 1998, le philosophe britannique (spécialisé dans la cognition) Andy Clark et le mathématicien et philosophe australien David J.Chalmers posent les bases de la théorie de l’esprit étendu.  Ils s’intéressent de près au rôle de l’environnement dans les  processus cognitifs et s’appuient sur la notion d’externalisme actif selon laquelle les données extérieures ont un rôle significatif dans les processus cognitifs de chacun.

Selon Clark et Chalmers, cette aptitude de notre esprit à s’étendre et à utiliser des supports extérieurs serait même une des raisons du succès évolutif de l’espèce humaine.

L’environnement immédiat et les objets qui nous entourent influencent donc notre manière de pensée. Des personnes souffrant d’amnésies graves peuvent par exemple maintenir une certaine autonomie grâce à des appareils électroniques qui leur font des rappels.

Autre exemple, si on vous demande de calculer une multiplication complexe, l’option de poser l’opération par écrit ou d’utiliser une calculette sera choisie par plus d’un. Car ainsi la tâche sera réalisée plus facilement.

De l’esprit étendu à l’extelligence

L’extelligence est un terme inventé par le mathématicien Ian Stewart et le biologiste Jack Cohen dans leur livre de 1997 intitulé Figments of Reality. Ils la définissent comme le capital culturel qui est à notre disposition sous la forme de médias externes comme par exemple, légendes, folklore, comptines, livres, cassettes vidéo, CD, etc.. Ils opposent l’extelligence à l’intelligence, c’est-à-dire aux connaissances et aux processus cognitifs du cerveau.

Le mathématicien Ian Stewart élargit plus tard la définition de l’extelligence, dans un ouvrage publié en 2005,  pour impliquer “la connaissance interactive et collective qui est partagée par une culture d’êtres intelligents et communicatifs”.

Implications pour la pensée visuelle

La pensée visuelle et les nombreuses méthodes qui y sont liées trouvent un appui de taille dans la théorie de l’esprit étendu et dans celle de l’extelligence. Il est le plus souvent admis auprès des praticiens de la pensée visuelle que faire appel à des supports visuels présents dans l’environnement immédiat favorise non seulement l’analyse, la compréhension mais aussi la mémorisation de ce qui est visualisé, tant sur le plan individuel que collectif.
Dans ce sens, la pratique de la facilitation graphique sert l’esprit étendu du groupe en créant un couplage entre les idées échangées et un support visuel stimulant la pensée collective.

Dans la pensée visuelle, la manipulation, l’usage de la main est aussi mis en œuvre pour favoriser la compréhension, notamment dans le parlé-dessiné, la schématisation, voire la prototypation rapide d’une idée, seul ou en groupe.
Manipuler pour mieux comprendre, pour mieux expliquer est d’ailleurs un des principes clés du constructionnisme proposé par le mathématicien et pédagogue Seymour Papert.
Papert parle de la construction “à la main” de modèles mentaux comme moyen de découverte et d’exploration permettant notamment à des enfants de mieux comprendre des notions abstraites.

Les travaux de Papert ont servi de base théorique pour construire la méthode innovante de résolution de problème proposée par Lego depuis le début des années 2000 et qui connaît un succès international depuis dans le monde de l’entreprise. Car dans l’univers Lego, penser c’est manipuler. Laisser traîner des Lego sur une table est comparable à y laisser traîner des idées, écrit le philosophe Tommaso Bertolotti dans son ouvrage Legosophie.

Créer des espaces qui favorisent la réussite collective

Tant la théorie de l’esprit étendu que la notion d’extelligence nous incitent à prendre conscience de l’importance de l’environnement immédiat, physique et culturel, pour façonner la pensée. Dans de nombreuses organisations, intégrer des méthodologies qui “parlent la pensée visuelle” comme le Design Thinking ou les méthodes agiles, s’accompagne d’une transformation de l’environnement physique de travail avec par exemple la mise en place d’affichages sur l’avancée des tâches ou l’habilitation de “murs d’expression” sur lesquels on peut dessiner, modéliser visuellement des situations complexes.

Les “tiers-lieux”, ces espaces de travail qui ne sont ni dans l’entreprise ni au domicile du salarié sont en train de se développer de manière spectaculaire en France et dans le reste de l’Europe. S’intéresser à l’esprit étendu et à l’extelligence pourrait contribuer à créer des espaces qui favorisent la coopération et l’innovation.

Georges Lucas, le réalisateur de films de science-fiction au succès planétaire, a créé depuis 1991 Edutopia, une fondation dédiée à l’innovation pédagogique à l’école élémentaire. On y  explore notamment l’importance de l’environnement immédiat de la classe pour favoriser la réussite des élèves. Là encore les notions d’esprit étendu et d’extelligence peuvent servir à penser des salles de classe qui favorisent la réussite des élèves.

La perspective de créer des environnements  qui, au-delà de favoriser la pensée visuelle, stimulent l’intelligence collective et la réussite, est passionnante et ouvre de nombreux horizons pour l’école, l’entreprise ou encore l’aménagement de tiers-lieux.

Sources:

Esprit étendu:

Clark, Andy, and David J. Chalmers. The Extended Mind (1998) traduction française disponible ici: https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1033/files/2014/02/traduction-clarkchalmers.pdf

Legosophie : Petite philosophie du Lego de Tommaso W. Bertolotti. PUF. 2019

Extelligence:

Stewart, Ian, and Jack Cohen. Figments of Reality: The Evolution of the Curious Mind. Cambridge UP, 1999.

Stewart, Ian. Heaven. Warner Books, 2005.

Des espaces qui favorisent la réussite

Edutopia: Why Learning Space Matters https://www.edutopia.org/blog/why-learning-space-matters-ramona-persaud