La roue des implications: un outil visuel de choix pour la stratégie

Dans un contexte d’incertitude et de bouleversements de plus en plus intenses, il est particulièrement utile d’explorer les conséquences de certains changements afin d’adapter sa stratégie. Les conséquences d’un changement de rupture se propagent comme une onde, touchant de multiples domaines de manière directe et indirecte.  La roue des implications, inventée par le futurologue Jerome Clayton Glenn (sous le nom de “Future Wheel)”, est un outil visuel puissant qui permet , à travers une exploration structurée et non-linéaire, de visualiser puis d’analyser les conséquences d’un événement ou d’un changement. Je vous propose de la découvrir ici.

C’est notamment un outil visuel de référence dans le cadre de la gestion du changement, de la stratégie et de la prospective.

La Roue des implication est principalement utilisée pour :

  • Explorer l’impact possible de tendances,d’évènements ou de changements

  • Évaluer une décision de lancement ou non d’un projet, compte-tenu des impacts

  • Construire des plans préventifs afin de limiter les risques liés à un changement.

Comment ça marche?

Je vous propose de coupler la méthode de Glenn avec la méthode simple et efficace de la carte à bulle ou “bubble map”. Cette méthode de mapping, utilisée notamment dans mes ateliers de facilitation visuelle, est particulièrement adaptée à la roue des implications du fait de la forme circulaire de chaque élément, idéal pour rayonner de manière circulaire autour du sujet central, tel que l’avait imaginé Jérôme Glenn lorsqu’il avait inventé la roue des implications. Plus les impacts sont éloignés du centre, plus ils sont indirects.
  1. Choisir le thème central de la carte, celui-ci pointe un changement ou une tendance observée

  2. Explorer les conséquences directes (niveau 1): les événements ou conséquences découlant directement du terme central sont placés autour de celui-ci et reliés par des flèches ou des lignes simples.

  3. Explorer conséquences indirectes (niveau 2 et au-delà): Les conséquences indirectes des conséquences directes sont placées autour de ces dernières, également reliées par des flèches ou des lignes.

  • Les flèches ou lignes reliant les conséquences directes et indirectes illustrent les relations de cause à effet.  On peut aller jusqu’à plusieurs niveaux de conséquences à mesure que l’on s’éloigne du centre. Attention néanmoins à ne pas trop complexifier le visuel qui risque ainsi de perdre en clarté et en lisibilité.

  1. Visualisation et analyse : L’analyse de la Roue du Futur permet ainsi d’identifier les impacts potentiels et de développer des stratégies.

Variante par classification des conséquences: Jerome Glenn propose, pour une analyse plus structurée, de procéder par domaines de conséquences: politique, économique, social, technologique, etc. Le choix des domaines de conséquences dépend des objectifs de l’analyse.

Un exemple concret

Voici ci-dessous une roue des implications sur l’utilisation de plus en plus fréquente de l’IA par les élèves. Chaque version a été mise au propre avec XMind.

La première version explore les impacts sans fixer de catégories; la deuxième version est structurée par domaines d’impact. Cliquer sur le images pour agrandir.

Version 1

Version 2

Avantages et limites

La roue des implications est un outil prospectif simple et accessible, stimulant la pensée systémique et facilitant la visualisation de scénarios complexes. Ses principaux atouts sont sa simplicité d’utilisation et sa capacité à encourager une vision globale. Loin des outils de brainstorming non-structurés, elle invite à un premier classement des idées.

Néanmoins, la roue des implications présente certaines limites. La complexité peut rapidement augmenter, rendant l’outil difficile à gérer. Je vous recommande ainsi d’éviter d’aller plus loin que le troisième niveau après le centre. De plus, la qualité de l’analyse dépend fortement de la pertinence des jugements, c’est plus le contenu de la carte obtenue que son apparence qui en feront un outil pertinent. Enfin, il existe un risque de simplification excessive des relations causales et des différentes conséquences envisagées.

Design Thinking et Facilitation Visuelle

Souvent on me demande quelles sont les différences entre le design thinking et la facilitation visuelle qui semblent vraiment très proches. Les deux sont de plus en plus utilisés pour stimuler l’innovation et la créativité au sein des organisations. Ils placent l’humain au centre et encouragent le travail collaboratif. Ils favorisent une pensée “out of the box” en s’appuyant sur des représentations graphiques et visuelles.

Ces deux approches se distinguent par leur processus et leur finalité. Le design thinking est un processus itératif qui cherche à comprendre les utilisateurs, à remettre en question les hypothèses, à redéfinir les problèmes et à créer des solutions innovantes que l’on peut prototyper et tester. Il s’agit d’une démarche analytique qui suit des étapes successives, allant de la compréhension des besoins du client à la conception et au test de solutions innovantes. En outre, le design thinking commence à donner lieu à des diplômes universitaires dédiés (ex: d.school de Stanford) alors que la facilitation visuelle n’est pas encore représentée dans les cursus académiques.

D’autre part, la facilitation visuelle est une approche plus intuitive qui utilise des méthodes et outils visuels pour rendre le travail de groupe plus facile et plus efficace. Elle vise à capter, organiser, comprendre et mémoriser les idées et les informations, à stimuler la créativité et la participation de chacun, et à offrir de la visibilité et de la lisibilité. La facilitation visuelle ne suit pas nécessairement un processus linéaire, mais elle utilise l’ensemble des ressources cognitives “visuelles” pour mieux réfléchir, comprendre, apprendre, mémoriser et communiquer.

Bien que le design thinking et la facilitation visuelle partagent de nombreux points communs, notamment l’importance accordée à l’humain et à la collaboration, elles se distinguent par leur processus et leur finalité. Au final elles s’enrichissent mutuellement et sont très complémentaires.