Les images d’Épinal: un incontournable du storytelling visuel

Les images d’Épinal constituent  une étape clé dans l’histoire du storytelling visuel et une source d’inspiration aujourd’hui pour ceux qui s’intéressent à la communication visuelle, au storytelling ou encore au patrimoine culturel français.  Je vais vous parler ici de comment et pourquoi une petite fabrique située dans la Vosges a réussi à révolutionner l’industrie de l’image. 

Le storytelling visuel

Le storytelling visuel, c est l’art de raconter une histoire en utilisant principalement des images ou du design graphique tout en limitant l’usage des mots. Aujourd’hui il est utilisé en communication, notamment  sur les réseaux sociaux, en marketing, dans les présentations et plus généralement dans la communication interne en entreprise.

Les origines

L’histoire des Images d’Épinal démarre dans la ville éponyme, située dans la région des Vosges. C’est là que Jean-Charles Pellerin fonde son affaire en 1796. L’entreprise, initialement orientée vers les images religieuses, alors en déclin, se tourne progressivement vers les estampes populaires destinées à un public large, souvent analphabète. Les ventes décollent et l’imprimerie Pellerin est en plein essor.


Les images d’Épinal se diffusent sur tout le territoire national grâce aux colporteurs comme le l’illustre l’image en haut de cet article. Le XIXe siècle représente l’apogée des Images d’Épinal. Entre 1870 et 1914, l’Imagerie atteint des chiffres de vente remarquables, distribuant plus de 10 millions d’images par an dans le monde entier, imprimées en de nombreuses langues. À leur sommet, vers 1880, le tirage moyen d’une image atteignait l’impressionnant chiffre de 400 000 exemplaires.  

Un style accrocheur

Les Images d’Épinal, dont voici une collection de plus de 1300  exemples sur Gallica, sont immédiatement reconnaissables par leur style artistique unique. Les illustrations étaient souvent accompagnées de textes explicatifs, permettant de raconter des histoires ou d’enseigner des leçons morales. Les sujets abordés étaient variés : contes de fées, scènes religieuses, événements historiques, et anecdotes de la vie quotidienne.
Visuellement, les images d’Épinal se distinguent par leur style vif et coloré. Elles utilisent des couleurs saturées, des contours bien définis, et une composition simple qui accroche immédiatement le regard. La simplicité, l’impact visuel et le choix de sujets souvent liés au storytelling (évènements, contes, anecdotes) sont donc des éléments essentiels qui ont contribué au succès des images d’Épinal.

Leur impact 

La fabrique Pellerin illustre des contes, des fables, des récits simples, sur un ton moraliste. À travers leur diffusion massive, les images d’Épinal ont joué un rôle crucial dans la transmission de la culture et des valeurs populaires, bien avant l’avènement des médias de masse. Les histoires racontées dans ces images reflètent souvent les préoccupations et les aspirations de l’époque, tout en renforçant un sentiment d’identité nationale.

Ce que nous pouvons en retenir

Les images d’Épinal occupent une place de choix dans le patrimoine culturel français. Elles nous rappellent aussi la puissance du storytelling visuel dans la transmission des idées et des valeurs; Leur conception mise sur des couleurs franches, des visuels simples et une organisation graphique permettant de favoriser la mémorisation et d’apporter de la pédagogie, en éclairant l’essentiel tout en restant accessible. On peut s’en inspirer et cultiver un style visuel à la fois clair et simple , narratif, pour partager efficacement les messages clés en facilitation visuelle au moment de créer des présentations, des sketchnotes pro ou encore des infographies. Voilà un sujet essentiel que nous abordons dans les ateliers de facilitation visuelle que j’organise régulièrement.

Le storyboard pour mieux raconter et expliquer

Le storyboard ci-dessus m’a aidé à structurer le récit d’une anecdote captivante que j’ai lue dans l’excellent ouvrage « Tell to Win » de Peter Guber, producteur de cinéma et professeur à l’Université de Californie qui défend l’idée que le storytelling est le meilleur outil pour convaincre. Grâce à ce storyboard , je peux mieux raconter cette histoire.

Un storyboard simple présente des cases avec des dessins et/ou de brefs textes décrivant les moments clés. Le but est de découper le récit en séquences logiques. Mettre par écrit les grandes étapes d’une histoire en clarifie la progression et la cohérence. On y gagne en clarté et efficacité pour captiver son auditoire.

Avant de mettre le storyboard au propre sur tablette, j’ai créé une version papier avec des notes adhésives, telle que présentée ci-dessous.

 

Voici le résumé de l’histoire présentée dans le storyboard :

Au début de la campagne présidentielle de 1992, Bill Clinton vient de perdre la primaire du New Hampshire, mettant sa campagne en difficulté financière. Un de ses collaborateurs contacte Peter Guber, alors PDG de Sony Pictures, pour récolter d’urgence 90 000$ du monde du cinéma avant la fin de la journée, sans quoi Clinton devra abandonner la course à la présidence.

Lorsque Clinton appelle Guber, il lui demande s’il a vu le film « Le Train sifflera trois fois ». Ce western raconte l’histoire d’un shérif abandonné par les habitants de sa ville face à des criminels, sauf une personne qui l’aide à triompher. Clinton s’identifie au shérif, déterminé à combattre malgré les pronostics, et voit en Guber un soutien providentiel.

Séduit par cette analogie, Guber contacte des personnalités d’Hollywood en utilisant la métaphore du film pour les convaincre de donner de l’argent. A 17h, il annonce avoir réuni les 90 000$. Fort de ce soutien, Clinton remportera la primaire suivante, puis l’élection présidentielle.

Carte conceptuelle du Storytelling Visuel

 

Storytelling Visuel 1.2

C’est dans l’air, on parle aujourd’hui de plus en plus du Storytelling Visuel, la rencontre entre la pensée visuelle et la narration. Est-ce bien nouveau? Quels sont ses principaux usages? Voici une carte conceptuelle qui explore le sujet.

Nous ne parlons pas ici de vidéo et de cinéma mais de méthodes dites de « Visual Thinking » avec des supports comme les affiches, les infographies, les montages photos, les présentations, les illustrations d’articles et de messages sur les médias sociaux.   Cette carte est une première tentative (version 1.1), il est fort possible que de nouvelles versions voient le jour.

Pour la réaliser, j’ai utilisé, en amont, l’outil CMaptools pour iPad.Il s’agissait de noter les concepts et de commencer à les organiser.  Puis dans un deuxième temps, j’ai exporté la carte (via email) vers CMaptools pour Windows (gratuit) afin de travailler l’aspect visuel.